Après l'évacuation de la ZAD de la colline du Mormont, Luxxx se met à écrire pour laisser sortir sa colère, décrire les violences subies et envisager le chemin d'un futur radicalement autre... Après l'évacuation de la ZAD de la colline du Mormont, Luxxx se met à écrire pour laisser sortir sa colère, décrire les violences subies et envisager le chemin d'un futur radicalement autre. Puis avec d'autres, iel part rencontrer celles et ceux qui luttent, ailleurs en Europe. Si Booom ! est un pamphlet théâtral, c'est aussi une expérimentation pour amplifier ce partage, une façon libre de se saisir de l'espace et du temps théâtraux pour que demain ne ressemble pas à aujourd'hui.

« N’ayons pas peur du conflit, n’essayons pas de tout pacifier. Mais tissons patiemment notre réseau de réalité autre. Tissons avec humilité, sans tisser à la place des autres, tissons si bien, si fort, que la prochaine fois que le sentiment de vertige me prendra, que la prochaine fois que j’aurais l’impression de chuter dans le vide, je n’aurai plus peur de tomber. »

(Luxxx)

NOTE D'INTENTION

Par le collectif Zooscope

Quelques mois ont passé depuis la destruction de la première ZAD de Suisse. Luxxx erre dans les rues de Lausanne, Genève, Bienne, La Chaux-de-Fonds. Iel rejoint des camarades activistes en Allemagne, en France… mais quelque chose est cassé ; les jambes sont coupées. Iel n’a plus la force des combats et n’arrive plus à « s’intégrer » dans la société qu’on nous impose. Dormir entre quatre murs de béton après avoir passé six mois à lutter contre Holcim, le·a répugne. Écouter des discours creux de politicien·ne·s sur les nouvelles technologies qui vont sauver le monde lui hérisse le poil. Iel est en colère, bouillonnant·e, mais ne trouve pas l’endroit où déverser sa rage. 

Iel commence à écrire sur la destruction de ces cabanes et sur toutes les luttes traversées, les injustices révélées durant ces années. Si le piétinement par les forces de l’ordre de cette utopie rend impossible tout retour en arrière et négociations, les autres luttes lui permettent de se questionner sur sa propre place dans la société, ses privilèges, ses façons de lutter.

La rage sort enfin.

Iel partage un de ses textes à Adrien Rupp en lui disant : « C’est beau ce métier… Pouvoir sortir sa rage, ses émotions, ses désirs par la voix. Je t’envie ». Quelques jours plus tard, iel reçoit sa réponse, comme un défi « Si tu veux faire ça, on peut ».

Adrien lui propose de continuer à écrire, de s’entourer de compères avec le même désir de changement, et de parcourir l’Europe dans des lieux de résistance pour partager leurs histoires et pour recevoir celles des autrexs, leurs colères, leurs désirs, leurs questionnements et leurs chants.

D’abord un peu bousculé·ex, Luxxx réfléchit et confie :

«Si l’un de mes combats est justement de sortir d’un système d’expertise qui nous enlève, par délégation, toutes nos capacités d’autogestion, et donc notre propre pouvoir d’action, il y a peut-être quelque chose de juste d’expérimenter le plateau sans en être un·e·x expert·e·x». 

Luxxx est l’étincelle qui refuse de s’éteindre sous un claquement de botte en dynamitant ses peurs de révolte à la fois intimes et collectives. Pamphlet scénique et visuel, Booom! est l’Odyssée contemporaine de celleux qui veulent habiter le monde autrement.

« N’ayons pas peur du conflit, n’essayons pas de tout pacifier. Mais tissons patiemment notre réseau de réalité autre. Tissons avec humilité, sans tisser à la place des autres, tissons si bien, si fort, que la prochaine fois que le sentiment de vertige me prendra, que la prochaine fois que j’aurais l’impression de chuter dans le vide, je n’aurai plus peur de tomber. »

Luxxx