Pionnier d’un cirque minimaliste, le fil-de-fériste Rémi Luchez pousse à son paroxysme l’économie du geste et d’accessoire, élevant à un nouveau degré la poésie de ses prouesses. Pas un boulet, mais un bouleversant clown, opiniâtre, touchant à l’essence de son art !
Exit le fantasme de l’acrobate s’envoyant en l’air dans un panache de fumée opaque, figure emblématique des arts du cirque du XIXe. Avec son air de ne pas y toucher, Rémi Luchez insuffle à juste titre de nouveaux « canons » : simplicité des situations, lenteur du mouvement, sobriété des décors et des accessoires. Une nouvelle forme de mise en danger qui ne laisse aucune place à l’à peu près. Sur scène, sa frêle silhouette de clown pince-sans-rire et concentré à l’extrême s’obstine et s’évertue à accomplir, parfois même à saboter, des actions absurdement périlleuses. Qu’il se lance dans un empilement de briques au-dessus de son crâne ou dans l’escalade du gradin coiffé d’une amphore qui menace de tomber, la cocasserie ambiante fait jubiler. Une chanteuse et musicienne, Lola Calvet, complète cet assemblage superbement loufoque, passant d’une ballade irlandaise à un tube de Britney Spears. Tout simplement canon !