Offenbach mis en scène par Pelly: c’est la garantie d’une soirée follement gaie, dans le pur esprit du vaudeville. En maître du genre, le metteur en scène sait cependant ce qu’expriment les fastes de cet allègre Pérou de fantaisie : l’arbitraire du pouvoir et les ravages de la corruption. Mais chut ! Ce soir, c’est la fête du vice-roi !


Curieux destin que celui de la courte nouvelle de Mérimée intitulée Le Carrosse du Saint-Sacrement : ses quelques pages auront inspiré un grand film à Jean Renoir, et à Jacques Offenbach l’une de ses partitions les plus entraînantes. La scène est à Lima, dans les dernières années du régime colonial espagnol. La Périchole est bien jolie, elle chante bien, mais elle a le ventre creux, et son amant Piquillo est un peu trop ombrageux pour la laisser faire la quête, comme il conviendrait, auprès du public masculin. Ainsi commence l’un des livrets les plus spirituels que Meilhac et Halévy aient signés pour leur complice Offenbach. Applaudie dès sa création en 1868, cette Périchole le fut plus encore six ans plus tard après quelques retouches et l’adjonction d’un troisième acte, valant à Hortense Schneider certains de ses plus beaux triomphes. Nul doute que Laurent Pelly, avec l’inventivité et le sens du rythme qu’on lui connaît, saura tirer de ces richesses le meilleur parti pour porter vers de nouveaux sommets une Périchole qui s’annonce inoubliable.